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Ode aux odeurs du pays perdu…

 

Odeur des sardines grillées, près de la Pêcherie, à Alger.

Des marchands arabes improvisaient un barbecue dans un demi-bidon de fer. Ils versaient sur la grille des poignées de sardines sorties toutes fraîches des lamparos, ces barques équipées d’un projecteur à l’avant qui attirait les poissons, comme le soleil attire les plantes.

Toutes grillées, on les arrosait de citron et les dévorait entières, têtes, arêtes et queues… Quel délice !

A côté, se tenaient les étals des poissonniers. Les poissons, et surtout les coquillages, parfumaient l’atmosphère d’une puissante odeur marine. On pouvait déguster, sur le pouce, un gros oursin, en en détachant, un à un les rayons aux couleurs violentes, avec un morceau de pain.

 

Odeur d’iode de la plage de la Pointe-Pescade.

Entourée de rochers, la petite bande de sable était toujours cernée d’une couche épaisse de varech dans laquelle on s’enfonçait en courant vers l’eau claire et glacée pour échapper à l’air brûlant du siroco.

Nous prenions le vieux tram brinquebalant des C.F.R.A. jusqu’aux Deux-Moulins. Le receveur avait une petite boîte métallique accrochée sur son ventre et il tournait une petite manivelle qui faisait ‘dring-dring’, pour ‘composter’ les tickets. La meilleure place était tout à côté du watt-man, comme on nommait le conducteur : il avait lui aussi une manivelle, mais une grosse, qui servait d’accélérateur; il la poussait à fond dans les courtes lignes droites du trajet. On pouvait aussi se mettre sur la plate-forme, à l’arrière, et admirer les petits yaouleds qui couraient après le tram pour sauter sur les tampons et voyager gratis, juste pour le plaisir de la course.

Ensuite, une patache, traînée par une mule squelettique, nous amenait jusqu’à la plage, en empruntant, sur cinq kilomètres, la voie désaffectée de l’ancien chemin de fer. Nous passions sous un vieux tunnel. Quelle aventure !

Sur cette plage, un cabanon vendait des frites, dont la grasse odeur nous mettait en appétit…

Épuisés, nous nous endormions au retour, bercés par les cahots de tram.

 

Odeurs de vêtements mouillés et de vin chaud dans le chalet du Ski-Club à Chréa.

Nous prenions le train jusqu’à Blida, et, de là, il fallait monter à pied, skis sur l’épaule, par les sentiers muletiers. Pas de remonte-pente ni de télé-cabine à l’époque. On gagnait péniblement sa descente en canard, pour la dévaler ensuite… sur les fesses !

Plus tard, dans la 4 CV, nous partions dès cinq heures, mais il fallait s’arrêter dans tous les villages, car ma mère ne voulait à aucun prix rater la messe du dimanche, au moins en avoir un bout, mais le bon bout ; si ce n’était pas le bon, nouvel arrêt au village suivant…  Odeur de l’encens refroidi dans les églises au petit matin.

Nous étions, ma sœur et moi, malades en voiture : odeur du vomi au bord de la route.

 

Odeurs de la ferme, à Fontaine-du-Génie.

Tous les ans, nous allions pour les vacances, dans la ferme de l’ami de mon père, Georget Soumeillant. A côté, il y avait l’écurie, avec deux chevaux et trois vaches… Les poules et le coq couraient dans la cour. Dès septembre, commençaient les vendanges. Monté sur la charrette, à côté de Georget, j’accompagnais les chargements de raisin, jusqu’à la coopérative. Odeur du crottin de cheval sur la route et du jus fermenté…

Il y avait aussi l’atelier où on fabriquait les tonneaux, en les cerclant d’acier chauffé au rouge : Odeur de brûlé du bois comprimé. Georget m’expliquait comment le fer se contracte en refroidissant et rend ainsi le tonneau étanche. Georget a été presque un deuxième père pour moi.

 

Odeur d’huile de vidange dans un garage  près de Biskra.

La petite Panhard de mon père n’avait pas supporté le voyage ni la chaleur du désert. Tombée en panne au retour, il avait fallu démonter le moteur. Un mécanicien, peu au fait de ce nouveau moteur, en avait éparpillé les pièces sur un grand drap… Trois jours pour attendre des pièces de rechange et remonter le tout.

Nous étions hébergés dans la salle de classe du village. Odeur de la craie sur les bancs de bois dur qui nous servaient de couchette, odeurs que les petits élèves avaient laissées derrière eux.

 

Parfums des surprise-parties du samedi après-midi.

Les premières filles avec qui j’ai dansé, étaient les amies de ma sœur.

Mes copains et elles, nous réunissions chez les uns ou les autres, pour des danses bien innocentes. Nous avions acheté un livre qui expliquait les pas du tango que, ma sœur et moi, nous exercions avec beaucoup d’application. C’était l’époque où Brigitte Bardot avait lancé la mode des robes vichy gonflées d’amples jupons, que les demoiselles faisaient virevolter en dansant, avec une virginale audace…  

L'odeur des filles… Un délicieux mélange de parfums naturels, vanille, citron, lavande, et de transpiration, après les tcha-tcha-tcha, qui faisait perler de menues gouttelettes sur leurs narines.

 

Odeur du sang dans les rues.

Je n'étais pas loin du Milk-Bar quand la bombe a explosé.

Un grand bruit sourd, puis comme une nuée ardente qui en sortait. 

Des gens passent en hurlant. On comprend qu'ils hurlent, mais, assourdi ou abruti par l'explosion, on n'entend plus rien.

Puis la fumée vous étouffe : Odeur de la poudre, odeur de brûlé... Et, en s'approchant, l'odeur fade du sang.

J'avais rendez-vous avec elle. J'étais toujours en retard. Elle se moquait de moi à cause de ça. J'entends encore son rire.

 

Odeurs du bateau, lors de l’exode.

La méditerranée ne nous a pas épargnés, lors de cette ultime traversée. Entassés dans l’entrepont, nous baignions dans l’odeur de la fumée du navire, mêlée aux remugles de déchets alimentaires, et des rejets gastriques des voyageurs indisposés. Une vieille dame, à côté de nous, gémissait sur son transat, à chaque embardée du bateau ‘Aïe, mama ! Aïe, mama !’… Cette musique nous a accompagné jusqu’à Marseille.

 

D’autres odeurs, d’autres bruits, une autre lumière nous y attendaient…

D’autres ? Les mêmes, bien sûr !

Mais ce n’étaient pas les nôtres, même si elles finiraient par le devenir, avec le temps.

 

Cloddy

 Écrit le 18/5/2006.

A propos de l'accord de "ça" "c'est" ou "ce sont" voir par ailleurs, la controverse...

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