| Héra
      : un aller simple
 Magdeleine était pleine d'espoir le jour où elle posa le pied sur Héra.
 Une nouvelle vie commençait pour elle.
 Son dossier d'inscription avait longtemps dormi dans les bureaux de la
      SVIG. Il avait fallu l'intervention de son oncle Alfred, responsable de la
      division E, pour que sa demande passe sur le dessus de la pile et gagne
      ainsi quelques places, au détriment de candidats plus anciens.
 Mais tout cela n'était plus qu'un mauvais souvenir dont les filaments
      disparaîtraient bientôt de sa mémoire.
 Elle s'était pliée aux consignes et n'avait emmené avec elle que ce
      qu'il fallait pour occuper le temps de ce  long voyage :un petit
      carnet de moleskine qui ne la quittait jamais et le dernier livre de BHL
      qui l'aidait  à trouver le sommeil.
 En observant ses compagnons de voyage, un peu plus âgés qu'elle, elle
      lut sur leur visage, les stigmates laissés par des années de solitude.
 Avaient-ils découvert comme elle l'existence de la planète Héra sur un
      site de rencontre d'Internet ?
 Héra, épouse de Zeus et déesse du mariage.. Avec un nom pareil, tous
      les rêves étaient possibles !
 C'est dans cet état d'euphorie que Magdeleine découvrit le terminal de
      l'astro-gare.
 On sépara les voyageurs en deux groupes. Le premier, composée d'une
      vingtaine de  femmes, prenait une navette à destination du  point
      G, planète voisine d'Héra, étape obligée pour se débarrasser d'une frigidité récurrente,
      obstacle évident pour la réussite du séjour.
 Madeleine resta dans le grand groupe, aucune dissidence de son corps ne
      l'obligeant à cette formation supplémentaire.
 En découvrant la ville construite aux portes du terminal, la passagère
      fut un peu déçue.
 Elle eut pendant quelques instants l'impression d'être rester dans sa
      ville : rien d'exotique à l'horizon.. Les mêmes gens pressés, la même
      circulation. Les mêmes constructions.
 Excepté que.. Tout cela avait l'air « arrangé » .Un décor de cinéma
      en quelque sorte.
 Elle remarqua ensuite ; que dans la rue où ils étaient, pas moins d'une
      façade sur deux, correspondait à l'entrée d'un cinéma avec, malgré
      l'heure matinale, des queues interminables de spectateurs agglutinés
      devant les portes de verre encore fermées.
 Le guide qui les accompagnait, leur demanda de se joindre à la file
      d'attente : le « programme » commençait là !
 Une demi-heure plus tard ? Magdeleine entrait dans la salle .
 Voilà ce qu'elle aurait pu vous raconter si elle était revenue de ce
      voyage.
 Le film était déjà commencé.. A voir les visages tendus vers l'écran
      ça devait être passionnant. J'ai mis mes lunettes pour regarder à mon
      tour.. L'image représentait des mariés sortant d'une église. Enfin un
      marié seulement, la mariée avait disparue. On pouvait la comprendre. Le
      marié, malgré son élégance avait des airs de tortionnaire qu'un
      demi-sourire, plus sarcastique qu'avenant, ne parvenait pas à rendre
      aimable. Une énorme cicatrice barrait son front juste au-dessus d'un
      regard diabolique gris acier.
 Une demi-heure plus tard, l'image était identique. Dans la salle personne
      ne bronchait ; mes voisins subissaient sans révolte la fastidieuse image
      imposée. Je voulus crier mais les mots restèrent coincés dans ma gorge.
      J'ai feint alors de m'intéresser à nouveau à l'écran.
 L'image avait changé. Elle représentait une foule de visage qui
      m'observaient. Je ne retrouvais pas mon fauteuil de cinéma. Derrière
      moi, on apercevait le porche d'une église.
 Je portais une robe blanche et un bouquet de jasmin. Un bras de plomb vint
      enserrer mes épaules . Pas besoin de vérifier. Je compris qui était à côté
      de moi.
 Je me suis précipitée pour m'échapper et me suis cognée sur une paroi
      invisible. Pas d'issue possible. En face, les regards étaient fixés sur
      moi. Et puis, des signes bizarres sont apparus entre les spectateurs et
      moi, sur la surface transparente. Trois lettres à l'envers : INF.
 Les lumières se sont allumées et les spectateurs ont quitté la salle.
      Par la porte entrouverte, j'aperçois au loin, la file des gens qui
      attendent la séance suivante.
 catherine.esquerre
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    | il en fallait une de planète "noire", enfin,
      c'est la première que je visite. Je resterais donc célibataire pour le
      moment. Je réfléchis.... amitiés    nicole
 H…Cath…Héra, Plutôt que d’assister à ce mauvais film, elle aurait
      mieux fait de prendre la navette pour le point G une petite révision ne
      nuit jamais (ça lui apprendra à lire Bhl une magdeleine ça lit Proust)
      la fin c’est pas inf mais nif. Ph André
 Héra, je ne l'ai jamais trouvée sympa cette déesse, alors évidemment
      une planète qui porte son nom ne peut que nous faire cauchemarder! Je
      n'ai pas encore eu le courage de prendre BHL comme somnifère mais c'est
      certainement efficace!  Marie-Claire 
       ..... hum c'est bien beau et amusant, si j'ai bien compris tu as
      écrit le début et Catherine la suite?
 Quel sinistre tableau, Catherine, Le mauvais souvenir d'un mariage désastreux
      ? Que signifie ces INF qui apparaissent sur l'écran? Tu nous dois
      quelques éclaircissements !  Cloddy
 Non! Je te rassure Cloddy, rien d'autobiographique là dedans.(dans
      aucun de mes textes en général)... J'en suis à ma deuxième vie, plutôt
      épanouie..Et la première m'a laissé une "floppée" de très bons
      souvenirs dont deux enfants! INF évoquent ,dans le désordre pour ne pas
      écrire NIF(qui fait un peu larmoyant), les lettres du mot FIN ; la femme
      étant devenue par un curieux sortilège la mariée du  film! elle
      voit donc à l'envers , les lettres qui apparaîssent sur l'écran....
      Cath
 
 
 
 
 
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