| Le 9 février 2009 à 17h30 |
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La ministre de l'Intérieur Michèle Alliot-Marie a beau se féliciter des chiffres de la délinquance, la réalité est peut-être plus contrastée. C'est en tout cas ce qui ressort de cette implacable enquête, menée par Patricia Tourancheau et Franck Guérin. Pendant quinze jours, les deux journalistes ont suivi le quotidien d'un commissariat parisien, avec cette question en tête : comment la « politique du chiffre » instaurée par Nicolas Sarkozy lorsqu'il était place Beauvau, se traduit-elle dans la réalité ?
La réponse est sans appel : par une mobilisation des équipes sur des affaires faciles à boucler, au détriment d'enquêtes plus complexes. En clair, les policiers sont poussés à interpeller le fumeur de joint (un fait constaté, un fait élucidé), le clandestin (un fait constaté, un fait élucidé), la prostituée (un fait constaté, un fait élucidé), au détriment des agressions ou des cambriolages, dont les auteurs sont plus difficilement identifiables...
Bien sûr, on connaissait les effets pervers de cette « culture du résultat », mais ils sont ici illustrés avec clarté et pédagogie. Surtout, le reportage parvient à capter le malaise de nombreux fonctionnaires, pas forcément ravis de devoir suivre cette logique purement mathématique. Le témoignage d'une jeune gardienne de la paix qui affectionne l'assistance au citoyen - un travail social jamais pris en compte dans les chiffres - est particulièrement parlant.
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